Merwan donne à Salieri une personnalité pleine de contrastes.
Un ton calme, posé, plaçant chaque mot avec précision tandis que la jalousie et la passion qui le rongent, explosent dans des gestes rageurs… Ainsi, il peut adresser une dernière recommandation toute en finesse à Mozart avant de jeter violemment à terre les partitions de l’opéra de génie qu’il n’aura jamais su composer.
Salieri est un musicien et créateur de talent, dévoré par son art. Mais le génie lui manque, ce génie que Mozart exprime avec une facilité déconcertante l’amène à mépriser tout autant qu’à admirer son rival.
« Prince incongru d’un talent dérisoire », Salieri « voue ses nuits à l’Assasymphonie ». Se complaisant dans « Ce bien qui fait mal » au point d’en « Vivre à en crever » . Sous son apparence de glace, impassible, se cache en réalité un être enflammé et autodestructeur. Attisés par sa propre colère, les mots révoltés sont lâchés avec une force percutante, les mots brisés de souffrance avec une émotion intense. La voix cristalline et délicate se pare alors d’une tonalité puissante pour exprimer la douce torture qui consume peu à peu Salieri, cœur et âme.
D’une prestance et assurance naturelles, Merwan s’impose déjà sur scène par sa seule présence. Imperturbable face aux facéties de Rosenberg le menant en ridicule, il parvient même à renverser la situation, prenant aisément le dessus sur son détracteur.
Merwan incarne toutes les nuances d’un Salieri façonné de sentiments contradictoires, passant de l’admiration, à l’envie, de la colère et au respect. Profond respect qui mènera Salieri à venir en aide à Mozart, déjà condamné par la maladie. Le spectacle s’achève pour une incroyable leçon de vie. Et les voix de Mikelangelo et de Merwan s’accordent avec une harmonie telle que cela vous prend au corps et au cœur, le regard se met à briller d’émotion…
Célia Voisin - 2011
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