Pub Royal : la comédie musicale qui fait rayonner l'âme et l'univers des Cowboys Fringants

Pub Royal ou l'art d'associer les chansons originales des Cowboys Fringants pour en faire un spectacle décalé, exaltant, émouvant, entrainant, épatant ... à l'image du groupe devenu mythique. Cette idée, que certains diront un peu folle, relève au final du génie et le pari est plus que réussi ! De Montréal à Paris, d'une rive à une autre de l'océan, le spectacle embarque la salle dans une ambiance incroyable et offre un moment de partage unique.

Photos : Célia Voisin

L'âme des Cowboys Fringants

Que l'on connaisse de près ou de loin les chansons des Cowboys Fringants, l'univers du groupe est parfaitement retranscrit. Les chansons du groupe racontent toujours une histoire dont les personnages sont incarnés sur scène. Peinture satirique de la société de consommation ou introspection profonde d'un mode de vie, les paroles des Cowboys Fringants invitent au questionnement avec humour et émotion. La comédie musicale a su mettre en vie l'âme du groupe en donnant un visage aux personnages des chansons, en invitant le public à prendre place dans le Pub Royal, en alliant tous les arts de la scène avec ses troupes de circassiens et de danseurs dans un grain de folie assumée. L'humour n'est pas oublié avec ses nombreuses blagues (ah cette porte !) qui font réagir à coup sûr le public. Enfin, c'est l'esprit de partage qui donne corps au spectacle. La salle et la scène sont en constante interaction. La musique est si entrainante que le public bat le tempo de ses centaines de mains tout comme il éclate de rire aux jokes. Il applaudit les acrobates et les envolées vocales sans retenue si bien que le final sonne comme un élan de partage commun autour de l'image des Cowboys Fringants.

Une mise en scène efficace

Construire un spectacle dans un seul et même décor aurait pu relever du défi. Et pourtant, les tableaux s'enchaînent avec fluidité tout en changeant d'ambiance au gré des chansons. Le metteur en scène Sébastien Soldevila a su se jouer des décors comme le bar qui devient l'élément central en se transformant au gré des chansons pour les illustrer. Un jour navire, un autre camion, un autre rampe de scène et chaque chanson prend littéralement vie sur la scène.

La mise en scène sait aussi se jouer des détails et travailler l'inconscient avant que le nœud de l'histoire ne soit révélé au personnage central comme au public. Parlons de Siriso qui porte bien son nom au passage ... ! Il est le seul personnage à apparaitre devant le rideau noir pour lancer le spectacle. Il est aussi le seul à ne pas avoir d'accent québécois... Siriso est encore le seul des personnages principaux à s'aventurer à réaliser quelques acrobaties avec l/s/es circassiens jusqu'à se laisser glisser sur le grand mât chinois. Des détails qui font sentir que Siriso est différent des autres sans parvenir à savoir pourquoi et qui prennent tout leur sens quand le voile est levé sur son rôle dans la pièce ! Mention spéciale à Kevin Houle qui donne vie à Siriso et qui se fond ainsi tel un caméléon dans tous les arts de la scène en mêlant chant, comédie, acrobatie et danse.

Une troupe riche de tous les talents

Sur scène, 7 chanteurs principaux et 1 ensemble portent haut et fort les chansons aux textes percutants des Cowboys Fringants. On retrouve Richard Charest, Martin Giroux, Emilie Josset, Alexia Gourd, Yvan Pedneault, Christian Laporte et Jérémie Roy dans l'ensemble qui portent avec brio les chansons que l'on découvre ou redécouvre. Chaque artiste incarne son rôle avec une conviction qui le fait s'effacer totalement derrière son personnage. On ne voit plus que Jonathan, le courtier en assurance égaré se révéler à lui-même au gré du spectacle, comme il dévoile sa puissante voix. On ne voit plus que Johnny Flash, ce rockeur à succès qui s'est brûlé les ailes sur la scène qui chante avec une émotion touchante que la fin du show est venu pour lui. On ne voit plus que Loulou Lapierre que ses démons ont rattrapé dans sa nouvelle vie au Pub Royal. Cette nouvelle vie empreinte du passé que Siriso chante avec fatalité avant que Loulou ne s'envole dans ses limbes cotonneux comme ses envolées vocales. On ne voit plus que la Catherine qui se rebelle avec hargne contre Siriso en chantant à grande voix qu'elle est faite pour la vie. On ne voit plus que Normand et Yves qui ont voulu se venger de leur patron, qui a les a renvoyés, en faisant sauter leur usine. Avant que Normand clame avec tout son coeur, du haut de son vieux camion comment il voit toute l'Amérique qui pleure dans son rétroviseur. Si bien qu'en sortant, une petite frustration s'invite de ne pas avoir de CD de leurs voix pour se refaire le spectacle encore et encore.

Pour illustrer la douce folie de l'univers des Cowboys Fringants, rien de tel que d'habiller la scène d'artistes de cirque qui s'envolent dans des acrobaties et portés originaux ou grimpent sur un mât chinois. Ils sont 7 à habiter la scène dans tous ses reliefs : Sabina Arizmendi Fernandez, Victor Crépin, Marie-Eve Dicaire, Teo Le Baut, Justine Méthé-Crozat, Kei Nguyen et Jérémy Saint-Jean.

Enfin, pour lier le tout et souligner l'ambiance souvent dansante des Cowboys Fringants, une troupe de 7 danseurs évolue en harmonie avec les chanteurs et les acrobates. Danny Amaral de Matos, Kennedy, Henry Sunny Boisvert, Merryn Kritzinger, Guillaume Michaud, Éric Olivier et Gabrielle Roy écrivent de leurs mouvements toute la ferveur ou l'émotion des chansons.

7 chanteurs principaux par ici, 7 acrobates par là et 7 danseurs de l'autre : un subtil choix qui équilibre parfaitement le spectacle. 7 aussi comme un clin d'oeil à l'équipe des 7 doigts qui signent cette création originale.

Le bémol restera celui de la fin ... la fin de la tournée européenne avant que le spectacle se rejoue à domicile au Québec. Parce qu'on se resservirait bien une tournée, au Pub Royal...!

Célia Voisin

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