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Bruno Pelletier : une tournée anniversaire riche de toute sa diversité artistique

Célia Voisin

Dernière mise à jour : 3 mars

Une fois n'est pas coutume, je vais devoir laisser ma plume de journaliste artistique pour laisser ma plume tout à fait personnelle s'exprimer. Tout simplement parce que la résonance émotionnelle est trop forte et que ce concert est, de loin, celui qui m'a le plus parlé... Et pourtant, j'ai souvent pris place, d'une rive à une autre, dans la salle de spectacle pour applaudir Bruno au gré de ses tournées.



Il y a 25 ans, j'ai découvert Bruno sur ma rive, sur Notre-Dame de Paris. Sa voix m'emporte si loin à l'écoute du CD de Notre-Dame de Paris que je zappe toutes les autres chansons pour n'écouter que ses titres. Je n'ai même pas encore découvert l'artiste sur scène, que je cours le lendemain chez mon disquaire pour commander tous ses albums en import du Québec. Un coup de foudre artistique qui continue de s'écrire à travers l'espace et le temps.


Il y a 25 ans, j'étais sur la tournée de l'album Miserere de Bruno. Du haut de mes 16 ans, je me suis envolée pour la première fois pour le Québec et y applaudir cet artiste qui a pris peu à peu une belle place dans ma vie. Si j'avais su que j'aurais la primeur de revenir pour la tournée anniversaire de Miserere, sur la toute première date, je n'y aurais probablement jamais cru.



Et c'est à Drummondville que Bruno Pelletier a lancé, un an plus tôt, à guichet fermé, la tournée anniversaire de son album "Miserere". Cet album lui aura permis de s'inviter dans les salons et le coeur de son public et de s'y faire une belle place au fil des années.


Fort de 40 années de carrière, le répertoire de Bruno est incroyablement riche en styles musicaux. Il a toujours eu l'art d'embarquer son public à la découverte d'autres rives en restant un merveilleux guide à la barre du navire.



Pour lancer son spectacle, un gramophone prend place au centre de la scène. Bruno y pose délicatement son vinyle qui lance Miserere. Ce gramophone représente toute sa carrière. Il trônait dans le bureau de son ami et gérant, Paul Lévesque, emporté bien trop tôt vers d'autres cieux. Mais c'est aussi le symbole d'une confiance mutuelle qui aura permis à Bruno de donner cours à tous ses projets, aussi éclectiques qu'on lui reconnait toujours sa marque de fabrique.



Ce spectacle est tout à son image. Il raconte tout ce qui a construit son âme d'artiste. Entouré de ses fidèles amis musiciens, Martin Bachand, Marc Bonneau, Jacques Roy et Marco Tessier et de sa choriste de talent, Kim Richardson, Bruno offre un véritable voyage musical au coeur de ses albums. Le quatuor à cordes Esca vient ajouter sa force vibrante au spectacle qui fait la part belle aux premiers albums de Bruno. Le spectacle navigue d'un style à l'autre, jouant entre l'émotion des balades et les envolées des titres rocks.



Bruno offre un véritable voyage au coeur de sa dense carrière et survole pas moins de 39 chansons. L'hommage est évidemment fait à Miserere qu'il joue quasiment intégralement. De quoi se remémorer ses titres marquants, comme ceux un peu moins entendus, mais qui le dépeignent avec authenticité. Aime, Miserere, Coriace, J'oublie ma folie, Ailleurs, c'est comme ici, Où que tu sois, Pardonne, tout autant de chansons que je savoure mot après mot, note après note. Car ces chansons-là ont marqué ma rencontre avec l'artiste et l'homme. J'ai tant écouté ces titres qu'ils sont restés gravés à l'encre indélébile dans ma mémoire.



Les medleys comme Vivre sa vie et S'en aller donnent un souffle nouveau aux sonorités et invitent à redécouvrir les chansons. Ah ces envolées rock portées par les musiciens qui envoient de toute leur agilité la force de leurs cordes, la résonance de leurs caisses.


Bruno propose alors un premier bloc pour rappeler tous les artistes qui ont influencé sa musique, qu'il écoute encore et leur rendre un bel hommage. Bruno et sa team de musiciens hors pair interprètent avec une joie nostalgique du Dio, du Sting de Police, du Peter Gabriel avec Genesis, du Gino Vannelli. Et la salle s'ambiance en rythme.


La première partie s'achève sur une chanson bien connue, "Le temps des cathédrales" qui transforme la salle en une chorale géante.




Au retour de l'entracte, je suis prise de court. Les violons du quatuor Esca résonnent de toute leur gravité et m'emportent dans une émotion qui me submerge déjà. Puis Bruno apparaît, à quelques mètres de moi, un faisceau de lumière à la main quand la salle reste plongée dans l'obscurité pour accueillir la prochaine chanson. Mon coeur vacille et mes yeux se bordent d'une fine pluie de larmes. Bruno entonne "Ma vie", cette pièce, qui dans tout son répertoire, se classe haut dans mon coeur. C'est à ce moment précis que je réalise où je suis, ce que je vis : cette chance folle de suivre cet artiste depuis tant d'années et combien l'écho m'emportera, toujours.



Le délicieux supplice ne s'éternise pas et Bruno enchaine avec un tout autre style avec "Paix et guerre". Dans la salle, le public n'est jamais avare d'applaudissements pour accompagner l'ambiance de partage qui borde tout le spectacle. Et quel message, comme cette chanson malheureusement toujours autant d'actualité.


Bruno et sa team lancent alors un nouveau bloc où les orchestrations sont finement travaillées. Les chansons s'enchainent et se mêlent avec fluidité. Les titres prennent une allure épurée avec un bloc acoustique qui vient renforcer l'émotion des paroles avec Depuis que t’es parti, Loin de chez moi, Le bon gars et le salaud, Regarde autour, Tu pars, Dans ma tête, et l'incontournable La manic.



A un moment, Bruno lance qu'il voit une coupe de cheveux de blancs dans la salle. Je ne peux pas m'empêcher de sourire, ne me sentant pas spécialement visée par cette petite joke. Avant de me rappeler les quelques fils d'argent qui s'invitent dans ma chevelure et qui me rappellent le temps qui a passé entre cet été de 1999 et cet hiver-là. Comme tout le chemin d'une vie, accompagnée par tant de musiques, mais toujours avec ma référence artistique que j'écoute en live ce soir-là.


Et c'est là que Bruno prouve encore une fois combien il sait surprendre et fédérer. Une armée de perruques dignes des années 80 débarquent sur scène ! Tous les musiciens jouent le jeu et revêtissent leurs cheveux (qui manquent définitivement à certains) avant d'embarquer le public dans une ambiance enlevée des concerts de métal que Bruno jouait dans les bars à ses débuts. Se joue alors du Black Sabbat, du Metallica, du Judas Priest. La salle vient de se transformer en un concert de métal où ça chante, ça danse, ça tape la mesure avec force !



Le spectacle est formidablement construit, pour l'artiste comme pour le public. Il alterne entre émotion et ambiance festive. C'est donc reparti pour un moment fort en émotion pour amorcer le rappel. Quoi de plus beau message que de rappeler qu'il faut "Se rêver", plus que jamais dans ce monde un peu fou. Les voix de Kim et de Bruno s'enlacent et se répondent avec une douceur infinie.


Pas le temps de laisser trop attendrir qu'on repart pour un dernier bloc digne de cette grande fête d'anniversaire. Bruno invite la salle à se lever et à danser, qui ne laisse pas prier. Sur la scène, même Bruno et Kim se laissent aller à une vraie chorégraphie. Alors chacun bat des mains en rythme du Earth, Wind & Fire, du Stevie Wonder, du Daft Punk. La fête bat son plein au point d'oublier qu'on est venu applaudir ce grand artiste qu'est Bruno Pelletier et qui fait démonstration encore une fois qu'il est tellement plus qu'un chanteur à voix. La célébration se conclut avec un Love Is In The Air de Martin Stevens où c'est d'une même voix que la scène et le public chantent avec joie ce message d'amour réciproque.



Une dernière chanson en duo avec Kim vient refermer ce magnifique moment passé comme hors du temps. Et quelle chanson... celle qui dit tout ce que l'artiste vient d'offrir ce soir... "Ce soir, je ne me suis pas épargné, toute ma vie, je l'ai racontée, comme si ça ne se voyait pas, que la pudeur en moi n'existait pas. Mais moi je n'suis qu'une chanson, aujourd'hui je pleure à la moindre émotion, avec mes larmes et mon rire dans les yeux, je vous ai fait l'amour de mon mieux. Mais moi je n'suis qu'une chanson, ni plus ni moi, qu'un élan de passion, appelez moi marchand d'illusion, je donne l'amour, comme on donne, la raison. Je n'suis qu'une chanson".


Cette tournée Miserere résonne comme un moment de retrouvailles choyées entre l'artiste et son public. Un moment de partage qui s'écrit sur la scène par la complicité de Bruno avec chacun de ses musiciens. Ces pointures des instruments qui l'accompagnent parfois depuis plus de 20 ans. Un moment de partage qui s'écrit avec Kim, qui de son talent et de sa voix offre des duos et des échos mémorables. Un moment de partage avec le public qui donne le change dans un élan de sincérité face à l'artiste qui se dévoile avec une véracité absolue.



Ce spectacle (me) restera des plus mémorables... Car ce spectacle décrit tout ce qui a construit Bruno, comme beaucoup de ce qui m'a construit moi, par ce ricochet à l'écho sans fin.



J'écris ces mots plus d'un an après, confrontée à une page blanche depuis des mois et à ma plume qui ne croyait plus savoir écrire. Aujourd'hui, pour reprendre un des derniers titres de Bruno "je m'écris du haut de moi-même". Et qu'il est fou de voir les mots se poser sur cette page, comme si ce concert était tout juste d'hier, car la mémoire émotionnelle, elle, n'oublie jamais ce qu'elle a vibré de plus fort.



Si vous avez manquez la tournée Miserere, il reste quelques festivals cet été pour une séance de rattrapage. RDV sur le site de Bruno : https://brunopelletier.com/


Célia Voisin



Liste des chansons jouées pour illustrer la diversité artistique de Bruno :


  • Début de Miserere

  • Aime

  • Woman In Chains (Tears for Fears)

  • Où que tu sois

  • Pardonne

  • S’en aller

  • Vivre sa vie

  • J’oublie ma folie

  • Coriace

  • Ailleurs, c'est comme ici

  • En manque de toi

  • Bloc « influenceur » : The Last Line (Dio), Every Little Things She Does Is Magic (The Police), Big Time (Peter Gabriel), You Gotta Move.

  • Le temps des cathédrales

  • Ma vie

  • Paix et guerre

  • Bloc acoustique : Depuis que t’es parti, Loin de chez moi, Le bon gars et le salaud, Regarde autour, Tu pars, Dans ma tête, La manic.

  • Bloc métal : Paranoid (Black Sabbath), Immigrant Song (Led Zeppelin), You’ve Got Another (Judas Priest), Enter Sandman (Metallica), Separate Ways (Worlds Apart).

  • Fin de Miserere

  • Se rêver

  • Bloc final : Fantasy (Earth, Wind & Fire), Higher Ground (Stevie Wonder), Get Lucky (Daft Punk), Good Times (Chic), September (Earth, Wind & Fire), Love Is In The Air (Martin Stevens).

  • Je ne suis qu’une chanson (Ginette Reno)






 
 
 

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